Par Javi Molero – BioTouch Method®

Introduction

Dans le travail corporel, nous avons l’habitude d’influencer le corps depuis l’extérieur. Le toucher, la pression, un mouvement, un étirement. Mais il existe un espace beaucoup plus profond, un endroit où l’on peut agir depuis l’intérieur du corps lui-même. Très peu de structures humaines permettent ça, et le périnée – ou plancher pelvien – en fait partie.
Avec les années de yoga, de respiration et de pratique manuelle, j’ai constaté que lorsque j’active le périnée de manière consciente et rythmée, surtout en lien avec le diaphragme, quelque chose change immédiatement dans le tonus interne, dans la manière dont la respiration s’organise, et même dans la stabilité émotionnelle. Ce n’est pas une intuition. C’est une réponse physiologique directe.

Le périnée : la couche volontaire la plus profonde

Sur le plan anatomique, le périnée forme un dôme musculaire qui ferme la base du bassin. Il est innervé par le nerf pudendal, un nerf somatique, comme ceux qui contrôlent les mains ou le visage. Contrairement à presque tous les autres muscles internes, celui-ci est volontaire. C’est très rare, et c’est ce qui en fait un point d’accès direct à la physiologie interne.
Quand il se contracte, il se soulève légèrement et modifie la pression interne du bassin. Cette action se propage dans les fascias, dans les viscères, et jusque dans la posture globale. Les études montrent qu’on peut isoler cette contraction sans aucun mouvement visible. En pratique, on le ressent tout de suite : le bas-ventre réagit, la colonne s’ajuste, l’attention descend dans le corps.
Cette activation volontaire a des effets clairs sur la posture, la continence et la fonction autonome. Deux approches utilisent ce même mécanisme. Les exercices de Kegel, en rééducation moderne, renforcent la musculature du périnée. Mula Bandha, dans le yoga, propose une contraction interne plus subtile, coordonnée à la respiration, pour moduler le tonus et l’état interne. Les intentions ne sont pas les mêmes, mais la capacité utilisée est identique : engager volontairement la musculature profonde du bassin.

Le diaphragme : le partenaire direct du périnée

Le diaphragme est un muscle semi-volontaire. On peut influencer son rythme, mais il fonctionne aussi automatiquement. Il structure toute la mécanique respiratoire. Quand il descend à l’inspiration, le périnée s’étire naturellement. Quand il remonte à l’expiration, le périnée se rétracte. Les deux forment un système coordonné qui stabilise la pression interne et la colonne vertébrale.
En séance BioTouch, j’utilise énormément cette relation. Quand un client sent le lien entre sa respiration et son périnée, tout le corps devient plus cohérent. La respiration se réorganise. Le système nerveux se défend moins. Le travail manuel devient plus profond, plus efficace.

Le contrôle volontaire comme accès direct au système autonome

Le périnée et le diaphragme sont connectés aux centres autonomes du tronc cérébral. Leur mouvement modifie l’activité des barorécepteurs et des mécanorécepteurs, deux systèmes de capteurs qui régulent le rythme cardiaque, la pression interne et l’équilibre entre activation et apaisement.
Quand on engage volontairement le périnée tout en régulant la respiration, on provoque un changement direct dans l’état interne. Le pouls ralentit, l’abdomen se relâche, l’attention s’ancre. Ce n’est pas mental. C’est un ajustement automatique du système autonome déclenché depuis l’intérieur.
C’est probablement la manière la plus simple et la plus précise d’agir volontairement sur l’équilibre interne, sans aucun outil et sans forcer quoi que ce soit.

Implications dans la pratique BioTouch Method®

Lorsque j’apprends aux clients à engager consciemment le périnée et le diaphragme, le travail tissulaire se transforme. La respiration devient plus stable. Les tissus se détendent plus vite. L’émotionnel se libère avec moins de résistance. On passe d’une approche où la main agit sur le corps à un dialogue interne où le client participe directement.
Tout le monde peut apprendre cette activation, qu’on soit sportif, sédentaire ou simplement stressé. C’est un biofeedback interne accessible à tous.

Ce que dit la recherche

Les connaissances actuelles confirment plusieurs points. Le périnée est bien le seul muscle squelettique interne entièrement volontaire. Le diaphragme et le périnée se synchronisent naturellement pendant la respiration et stabilisent la pression interne. La respiration consciente combinée à l’activation périnéale augmente la variabilité cardiaque, signe d’un état parasympathique plus présent. Ces données sont cohérentes avec ce qu’on observe en séance.

Une nouvelle manière de comprendre la régulation interne

La relation entre le périnée et le diaphragme nous montre que la régulation interne n’est pas uniquement passive. Avec ces deux muscles, on peut influencer le système nerveux autonome directement depuis l’intérieur. Sans technologie, sans protocole compliqué, simplement en activant une capacité naturelle du corps.
Dans la BioTouch Method, cela devient un point d’ancrage essentiel. Le praticien ne cherche pas à imposer un état. Il accompagne la capacité du corps à s’équilibrer. Le toucher, la respiration et l’engagement interne du périnée deviennent un seul et même langage.